mnémociné
Un très bel escort boy de Seattle rencontre son nouveau client : un vieux monsieur distingué et charmant, qui diffère le moment d'une consommation toujours à l'horizon, en attendant qu'une envie vraiment réciproque ne rapproche les deux corps. Notre escort, musculeux et sensuel, partage son appartement avec des colocataires eux aussi craquants et croquants, dans des genres différents. L'histoire pouvait sembler banale. Elle ne l'est pas tant que cela. Tiré d'un livre de Matthew Rettenmund, On pouvait espérer voir de beaux corps : l'oeil trouve son compte mais le film nous conduit bien au-delà. Les émotions des personnages, leur fragilité cachée, leurs attentes contradictoires, les variations des sentiments éveillent en nous très vite un réel intérêt. Certaines scènes sont drôles et particulièrement bienvenues, comme celles du retour d'Andrew chez ses parents, pour un coming out bien superflu...
J'avoue avoir été sous le charme de cette ambiance de collège anglais de province : l'herbe y est verte, le blazer de rigueur, mais sous les pavés séculaires une plage de désir tend à naître. Sous le masque douloureux et agréable à la fois de la nostalgie, de la peur de cueillir le fruit, seulement saisi furtivement au hasard des chemins (ceux qui ont vu le film saisiront pour leur part l'allusion), les variations des attentes et des regrets font entendre une douce mélodie.
Ce fut une époque de grand refoulement. L'ère victorienne exprima, plus que de nombreuses autres périodes de l'histoire, une volonté de taire ce dont on ne voulait parler. Ainsi, dans le film comme dans le livre posthume d'Edward Forster (1879-1970), ce professeur de grec tient-il à demeurer muet sur l'abominable "vice des grecs". Le talent du réalisateur James Ivory, un américain plus "british" que nature, n'est plus à démontrer. Sur le fond, peut-être plus didactique qu'à l'ordinaire, il fait ressortir le climat d'étouffement, de négation de soi, qui n'empêche pas le désir de naître mais le menace d'une mort bien rapide. On se souvient de cette scène pathétique de l'arrestation du jeune aristocrate piégé par un policeman. Nous sommes peu de temps après le procès retentissant d'Oscar Wilde. Les actes de "grave indécence" étaient passibles de deux ans de prison et couverts d'une opprobre tout aussi redoutable. Le Président du Tribunal qui condamna le cher Oscar estimait d'ailleurs en effet que pour de tels actes la peine prévue par la loi n'était pas suffisante.
La destinée tragique du roi Louis II de Bavière inspire les poètes et
Le roman éponyme de Thomas Mann "Tod im Venedig" inspiré de la mort du compositeur Gustav Malher (dont la musique scande ce film) reste ce petit joyau d'intelligence, de finesse, de psychologie et d'élégance un peu décalée.
J'ai un faible pour Charlotte Rampling. Son charme m'a toujours fasciné (j'ai lu quelque part que François Ozon faisait le même aveu). J'aime beaucoup Jean Rochefort, son humour décalé et pince sans rire, son regard de chien battu secrètement jubilatoire. J'aime également Ian Richardson (photo ci-contre), acteur shakespearien d'une belle élégance, qui incarne un gay de grande sagesse. Ce qui fait toujours plaisir à voir. Le physique du charmant James Thiérrée, neveu de Géraldine Chaplin, m'a un peu troublé. Pour le reste, nous pouvons saluer cette aimable comédie à la française d'Antoine de Caunes, un peu décevante en considération de la stature des comédiens mais néanmoins plaisante.
Costa Gavras est certainement l'un des meilleurs réalisateurs de films défendant une thèse politique et historique. On lui doit en particulier Z avec une distribution époustouflante, d'Yves Montand à Irène Papas, ou, plus récemment, Amen.
Voilà bien le type de film sulfureux, interdit aux moins de 16 ans, mâtiné de sexe et de corps impudiques, dont on attend le pire ou le meilleur...
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