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Paul, dix-huit ans, rêve de devenir un concertiste de renommée internationale comme son idole Richard Kensington. Or il le rencontre bientôt lors d'un séjour à Barcelone. Va s'ensuivre une idylle de quelques jours dans la capitale catalane (très bien filmée), au cours desquels Paul va découvrir les joies de l'amour au masculin, le sentiment amoureux, la passion. Mais il va devoir bien vite déchanter quand l'artiste-star s'en ira, brusquement, reprendre le cours de sa vie et retrouver son amant officiel.
C'est ainsi que Paul découvre une réalité bien plus prosaîque que la pureté de ses sentiments juvéniles ne le voudrait. Cet éveil au désir, aux émotions amoureuses, est complété par un éveil aux dures lois de la compétition artistique; en effet, notre héros va devoir prendre conscience qu'il n'a pas un talent à la hauteur de ses aspirations professionnelles.
Face à tant de bouleversements intimes, d'illusions à perdre et de remises en question, Paul jouera l'autruche, ne voulant pas admettre l'inéluctable. Et, pour contourner les obstacles, il se laissera un temps aller à la facilité et la corruption, se faisant "dévorer par la petite luxure du quotidien". Choses que l'on mettra sur le compte de son inconscience et de son inexpérience, tant il est difficile de condamner une si adorable petite tête blonde.
Tous ces changements à l'orée de l'âge adulte, ainsi que leur appropriation douloureuse par notre (anti?-)héros font l'objet du film. Changements d'autant plus douloureux que le jeune homme ne pourra que très tard partager ses misères avec sa mère, femme au foyer provinciale, ménagère américaine typique, toujours au bord de l'hystérie. C'est ensemble, lors de la scène finale, celle de toutes les intimités que tous deux accepterons la nécessaire prise de conscience d'une réalité autre qu'envisagée.En ce sens, le film raconte aussi l'éveil de la mère à la véritable personnalité de son fils.
Le film, impeccablement réalisé, ne juge personne et jette un regard affectueux et réaliste sur tous ses personnages, toutes ses situations. Les comédiens sont au top, sobres et d'une justesse remarquable. Les sentiments et émotions qui égrènent l'ensemble du film sont emprunts d'une poésie rafraîchissante, qui fait d'une telle projection un vrai bonheur.
Le film, dont les comédiens sont majoritairement anglais, est une adaptation libre d'un roman sud-américain de David Leavitt
Food of love, américano-hispanique (2002), de Ventura Pons, avec Kevin Bishop, Juliet Stevenson, Paul Rhys, Allan Corduner. (1h52)
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