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Mon colonel
--> Le beau et le salaud

Costa Gavras est certainement l'un des meilleurs réalisateurs de films défendant une thèse politique et historique. On lui doit en particulier Z avec une distribution époustouflante, d'Yves Montand à Irène Papas, ou, plus récemment, Amen.

Dans ce film, Costa Gavras est seulement co-scénariste, même si l'ensemble porte son empreinte et si ses chevaux de bataille sont enfourchés. C'est Laurent Herbiet qui a réalisé Mon colonel. Un film que j'ai aimé, malgré des défauts de réalisation, comme la fadeur d'un certain nombre de séquences se déroulant sous la présidence Mitterrand (pour comprendre pourquoi, il faut voir le film). Quelquefois, on se croirait plutôt face à un bon téléfilm, intelligent et suggestif, que dans une salle de cinéma. Ceci dit, les acteurs sont attachants. Merci aussi à Cécile de France et à Charles Aznavour !

Le face-à-face entre le lieutenant et le colonel m'a proprement fasciné. La beauté sincère presque brute et sauvage, quoique policée et éduquée, de Robinson Stévenin se heurte au regard bigleux et redoutablement pervers d'un officier dominateur (très bon Olivier Gourmet, qui a dû suivre un régime draconien pour perdre une bonne vingtaine de kilos). Le juriste intègre et généreux finit par se laisser happer par une machine infernale. Sans doute pour n'avoir opposé de résistance que trop tard. Bien des monstres nous dévorent après nous avoir fascinés. Le rapport très ambivalent de séduction et de fuite, d'amour et de révulsion, comme un Oedipe qui gagnerait Antigone, donne la mesure de la complexité du personnage de Guy Rossi... et par là du talent de Robinson.

Ce jeune acteur m'avait déjà séduit dans le film Mauvais genres de Francis Girod où il interprétait "Bo", un travesti fragile et attachant. Il s'impose désormais comme un espoir de sa génération.

Le film nous replonge dans le noir tumulte de la guerre d'Algérie et évoque plus directement le problème de la torture. Loin d'une sorte de dénonciation fustigeant les mauvais, il donne de voir par quels raisonnements fallacieux, au nom de quelle stratégie tordue, en vertu de quel enchaînement diabolique, l'innommable peut prendre corps, avec la bénédiction d'un aumônier militaire parfaitement odieux d'ailleurs. Le légal et le juste ne se confondent pas toujours.

La portée politique, mieux de critique sociale, du film doit être soulignée. Le ver est dans le fruit : l'incompréhension des imbéciles (même avec des galons, des titres ou des décorations), les ambitions des uns, le fanatisme des autres, la lâcheté des repus et des carriéristes, le manque de dialogue entre les peuples, le caractère destructeur d'une société de contrainte, l'ignorance de la culture de l'étranger constituent autant de facteurs qui ont ensanglanté le monde et l'ensanglantent toujours.

Nous savons que l'obéissance et la docilité, parfois exaltées comme des valeurs, transforment des jeunes gens intelligents et loyaux en pions d'une partie sinistre et mortifère, quand ce n'est pas en chair à canon. Lorsqu'on les voit avec la tendresse embuée d'émotion d'une mère ou l'ardeur tiraillée d'une inquiétude lancinante d'un amant, les cartes sont redistribuées. On se sent moins prompt à faire couler le sang.

Ecrit par dominivi, le Lundi 20 Novembre 2006, 22:08 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

dominivi
dominivi
21-11-06 à 00:41

Robinson Stévenin


 
dominivi
dominivi
21-11-06 à 00:43

Re:

je viens d'apprendre la mort de Francis Girod qui sut admirablement mettre en valeur la beauté de Robinson dans "mauvais genres" . Il avait soixante deux ans

Robinson dans "mauvais genres"


 


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